FAVORISER UNE TERRE RÉSILIENTE
L’approvisionnement mondial en eau
Par : Liz Do et Alison Rutka
le 24 octobre 2023
Les effets des changements climatiques se font sentir à l’échelle mondiale à un rythme alarmant. Le CIFAR est à l’avant-garde de la lutte contre ce phénomène. Cette série spéciale, Favoriser la résilience de la Terre, examine comment la communauté du CIFAR — par-delà les frontières, les rôles et les disciplines — a un impact significatif sur la concrétisation de changements importants.
Dans ce numéro, découvrez comment Richard Taylor, membre du CIFAR, explore la question des fortes précipitations et de leurs effets sur l’approvisionnement mondial en eau.
Le problème croissant des changements climatiques a mis en lumière des domaines d’inégalité largement documentés. Le Fonds monétaire international note que les pays les plus pauvres du monde — ceux qui dépendent le plus de secteurs comme l’agriculture, la pêche et la sylviculture — connaissent des difficultés accrues associées à l’accélération des changements climatiques.
Pour les pays à faible revenu des tropiques, l’amélioration de l’accès à l’eau potable et la fiabilité de l’approvisionnement alimentaire deviennent des défis encore plus importants. Les membres du CIFAR s’interrogent sur la manière de lutter contre les effets des changements climatiques qui engendrent de graves inégalités à l’échelle mondiale.
Richard Taylor, membre du programme Terre 4D : Science et exploration du sous-sol du CIFAR, examine comment renforcer la résilience des réserves d’eau mondiales touchées par les changements climatiques. L’augmentation de la température sur la planète a des répercussions intéressantes sur l’eau. La fonte des glaciers et de la glace augmente la quantité d’eau et de vapeur d’eau atmosphérique dans le cycle mondial de l’eau. Selon la NASA, l’Antarctique à lui seul fond à un rythme de 150 milliards de tonnes par an, ce qui contribue grandement à l’élévation du niveau de la mer à l’échelle mondiale. Mais Taylor accorde une attention particulière à un autre phénomène hydrologique résultant des changements climatiques : la transition vers des précipitations moins fréquentes, mais plus abondantes.
Comme d’autres impacts climatiques, l’augmentation de la fréquence des inondations et des sécheresses met en évidence les inégalités climatiques existantes. Taylor note que l’amplification de ces événements est trois fois plus grande dans les tropiques équatoriaux qu’aux latitudes moyennes et élevées, à des endroits où la demande en eau augmente déjà.
Mais il y a encore de l’espoir. Selon Taylor, ces précipitations abondantes peuvent se révéler à la fois une bénédiction et une malédiction.
« Des précipitations moins fréquentes, mais plus abondantes se traduisent par des ressources en eau de surface plus variables et moins fiables. Cela signifie une demande d’irrigation plus importante pour maintenir la production agricole, car la diminution des précipitations nuit à l’humidité du sol, explique Taylor. Toutefois, j’ai montré que cette intensification des précipitations favorise également la reconstitution des eaux souterraines dans de nombreux environnements tropicaux. »
Et les eaux souterraines, comme le sait Taylor, ont la capacité de lutter contre les problèmes climatiques tels que l’insécurité alimentaire et l’accès à l’eau potable. Travaillant dans des régions du globe où la demande en eau augmente, Taylor et ses collègues étudient des solutions basées sur les eaux souterraines qui sont bien adaptées aux communautés qu’elles sont censées servir.
L’un de ces exemples est l’utilisation d’eaux souterraines bien réparties pour soutenir l’irrigation de petits exploitants agricoles dans les régions tropicales. Dans un article publié en 2022 dans Science, Taylor et ses collègues ont démontré où et comment il est possible d’assurer la durabilité des prélèvements d’eau souterraine pour la culture du riz pendant la saison sèche dans les mégadeltas asiatiques, une solution connue sous le nom de « machine à eau du Bengale ».
Comment le CIFAR vous aide-t-il à mener des recherches pertinentes pour lutter contre les changements climatiques?
« Le CIFAR, grâce au programme Terre 4D, me permet d’interagir avec un groupe mondial de scientifiques extraordinaires aux intérêts de recherche connexes. Ce processus élargit non seulement mes horizons sur les techniques et méthodologies particulières dont je peux tirer profit dans mes recherches, mais aussi l’impact de mes travaux scientifiques. »
Dans les zones arides du centre de la Tanzanie, Richard Taylor et ses collègues mettent en place une surveillance télémétrique en temps réel du niveau des eaux souterraines dans le champ de captage de Makutapora (seule source d’eau de la capitale nationale de la Tanzanie, Dodoma). À gauche : Hosea Sanga et Richard Taylor; à droite : Hosea Sanga, Kefa Malingwa, Emmanuel Nahozya, Richard Taylor, Japhet Kashaigili et Joseph Marimoto. Photos reproduites avec l’autorisation du chercheur.
Cette capacité à exploiter les répercussions des changements climatiques pour lutter contre les inégalités climatiques permet d’envisager l’avenir de la planète avec optimisme.
« Nous ne pouvons pas revenir au climat et à l’hydrologie d’il y a 50 ans, déclare Taylor. Nous avons le climat que nous connaissons aujourd’hui, et qu’allons-nous faire pour résoudre la question? Et comment allons-nous nous adapter? »
Ses recherches apportent une perspective originale à la crise climatique : exploiter les répercussions des changements climatiques pour cerner une solution déterminante. Son travail s’ajoute à l’immense panoplie de recherches réalisées au CIFAR qui s’attaquent à la crise climatique de multiples façons.
« Le CIFAR, grâce au programme Terre 4D, me permet d’interagir avec un groupe mondial de scientifiques extraordinaires aux intérêts de recherche connexes. Ce processus élargit non seulement mes horizons sur les techniques et méthodologies particulières dont je peux tirer profit dans mes recherches, mais aussi l’impact de mes travaux scientifiques. »
En poursuivant ses travaux sur le terrain dans le monde entier, Taylor espère continuer à partager ses connaissances avec les décideurs politiques sur la gestion des eaux souterraines et la capacité de ces eaux à atténuer les effets des changements climatiques.
Joignez-vous à nous pour relever l’un des plus grands défis de notre époque en soutenant le fonds Terre résiliente. Votre contribution permet à des scientifiques de pointe de jeter des ponts entre les disciplines et les situations géographiques pour poser les bases des solutions de demain.