Par: CIFAR
29 Août, 2018
Le 20 mars 2018 a marqué la cinquième Journée internationale du bonheur et le lancement du Rapport mondial sur le bonheur 2018 aux Nations Unies, à New York.
En partenariat avec le Réseau des solutions pour le développement durable (SDSN), le CIFAR a organisé une table ronde sur les résultats du Rapport mondial sur le bonheur 2018 qui comporte un volet spécial sur la migration internationale.
Le Rapport mondial sur le bonheur est un sondage reconnu à l’échelle mondiale sur le niveau de bonheur des gens dans le monde entier. De plus en plus, les gouvernements et les groupes de droits civils ont recours à des données et à des résultats du rapport pour éclairer les politiques et la pratique. À l’occasion du lancement du rapport 2018, à New York, le CIFAR et le SDSN ont réuni les directeurs scientifiques du rapport, les rédacteurs et des invités du gouvernement et d’organisations de la société civile pour échanger et discuter autour des thèmes principaux du rapport, comme la migration volontaire et involontaire, les expériences des migrants et des natifs du pays d’accueil, l’intégration socioéconomique et l’urbanisation mondiale.
La séance a commencé par une allocution d’ouverture du chef de cabinet du président de l’Assemblée générale, l’ambassadeur František Ružička. Les experts, y compris les directeurs scientifiques du rapport John Helliwell (Membre distingué du CIFAR, Université de la Colombie-Britannique), Richard Layard (London School of Economics) et Jeffrey Sachs (Université Columbia), de concert avec des collaborateurs à la rédaction des chapitres, Martijn Hendriks (Université Erasmus, Rotterdam) et Julie Ray (Gallup), ont partagé certains résultats principaux du rapport dont le résumé est présenté ci-dessous.
Table ronde sur la migration : Résultats principaux
En moyenne, la migration accroît le bonheur.
Les migrants signalent une augmentation de 9 pour cent du niveau de bonheur après leur migration et les gains de bonheur les plus importants se manifestent après avoir vécu cinq ans dans un nouveau pays. Quand leurs standards et leurs attentes s’ajustent à ceux des natifs du pays d’accueil, le niveau de bonheur augmente moins. Les caractéristiques du pays d’accueil ont des effets mesurables sur le bonheur des immigrants.
Le bonheur ne s’explique pas seulement par le revenu.
On mesure habituellement le bonheur en fonction des conditions de vie d’une personne (milieu de travail, éducation, santé, etc.), des paramètres que le PIB ne reflète pas. Les résultats du rapport signalent que les migrants ne sont pas le plus heureux dans les pays les plus riches, mais plutôt dans les pays avec la cote de bonheur la plus élevée.
On utilise de plus en plus le bonheur comme mesure du bien-être humain.
Parmi les facteurs qui contribuent éventuellement au bonheur humain, notons : PIB par habitant, liberté dans les choix de vie, générosité et comportement prosocial, niveau de corruption politique plus bas, revenu personnel et réseaux de soutien. À cet égard, la Finlande arrive en tête du classement des pays les plus heureux du monde.
Dans les pays de l’OCDE, les niveaux de bonheur convergent.
Le niveau de bonheur des immigrants qui arrivent dans un pays dont la cote de bonheur est plus élevée que le leur voient leur propre bonheur personnel augmenter. Des sondages sur le bonheur auprès de millions de personnes au Canada et au Royaume-Uni ont éclairé l’impact de l’environnement personnel sur le bonheur.
Le gain de bonheur des migrants se produit à divers niveaux.
Le bonheur des migrants augmente quand ils vont vivre dans un pays qui se trouve dans la même région du monde que le leur. Le bonheur augmente aussi pour les migrants qui vont vivre dans une région différente.
Le gain de bonheur des Latino-américains est inférieur à celui d’immigrants d’autres régions.
En moyenne, les pays latino-américains ont une cote du bonheur plus élevée que d’autres régions qui contribuent à l’immigration. Conséquemment, leurs gains sont plus petits quand ils s’installent dans des pays dont la cote de bonheur est supérieure à la leur. La cote de bonheur supérieure à la moyenne dans les pays latino-américains pourrait s’expliquer par les liens familiaux et sociaux solides qui y prévalent.
Le niveau de bonheur du pays d’origine d’une personne laisse une marque sur son niveau de bonheur personnel.
Si les immigrants viennent d’un pays dont la cote de bonheur est inférieure à celle de leur pays d’accueil, ils affichent un niveau de bonheur légèrement inférieur à celui des natifs de leur pays d’accueil. Les immigrants qui viennent de pays plus heureux affichent souvent un niveau de bonheur légèrement plus élevé que les citoyens natifs.
Quand des immigrants s’installent dans un pays qui a une cote de bonheur plus élevée que leur pays d’origine, les effets de l’immigration rehaussent aussi le bonheur des membres de la famille restés derrière.
Le gain de bonheur des membres de la famille qui sont restés derrière est plus élevé pour les migrants qui sont passés d’une région en développement à une région développée en raison des envois de fonds des migrants. Toutefois, la relation ne va pas dans les deux sens, car certains immigrants sacrifient leur bonheur personnel pour améliorer la vie des membres de leur famille restés derrière. Finalement, les membres de la famille restés derrière peuvent connaître une diminution du bonheur en plus d’une augmentation du bonheur et cela pourrait s’expliquer par l’anxiété qu’ils éprouvent par rapport à la famille qui est partie, quoique l’augmentation du bonheur est généralement plus importante.
Les immigrants sont plus heureux dans les pays qui sont plus ouverts aux nouveaux arrivants.
L’intégration des immigrants dans les pays d’accueil est habituellement plus efficace dans des pays relativement tolérants. Le volume de l’immigration, l’état d’esprit des résidents natifs, la volonté des immigrants d’interagir avec les habitants et l’effet des flux d’immigration sur les possibilités d’emplois peu spécialisés des habitants influencent l’ouverture aux immigrants dans les pays d’accueil. Les habitants des pays plus tolérants affichent aussi un niveau de bonheur plus élevé que ceux des pays moins tolérants.
Les résultats du rapport laissent suggérer que la migration pourrait être un outil pour accroître le bonheur mondial.
Toutefois, il faudrait mieux comprendre les relations causales de l’immigration pour utiliser la migration comme outil fiable de création de bonheur. De plus amples recherches sont nécessaires pour éclaircir l’état de bonheur d’une personne avant la migration et comprendre les conditions du pays d’accueil. De nouvelles recherches sur le bonheur nous permettront de mieux comprendre ces questions.