Par: Jon Farrow
28 Jan, 2019
Les données d’une enquête menée en Ouganda, en Sierra Leone et au Tadjikistan démontrent que les gens les plus exposés à la guerre étaient plus susceptibles de participer à des groupes et à des rituels religieux chrétiens ou musulmans.
Le vieux dicton dit qu’il n’y a pas d’athées dans les tranchées. Une nouvelle étude démontre que les gens qui ont connu la guerre deviennent plus religieux et le restent longtemps après la fin de la guerre.
« Nous constatons que l’effet se renforce avec le temps », affirme Joe Henrich, Boursier principal au sein du programme Institutions, organisations et croissance et coauteur de l’étude. « Si l’effet découlait d’un événement traumatique intense et bref, on pourrait s’attendre à ce qu’il disparaisse peu après le retour à la maison, mais il semble que dans ce cas-ci l’expérience de la guerre incite les gens à passer plus de temps à participer à des rituels religieux. »
L’équipe a interrogé plus de 1700 personnes en Sierra Leone, au Tadjikistan et en Ouganda. Dans ces pays, d’importantes guerres civiles ont touché la vie des gens à divers degrés et les conflits choisis aux fins de l’enquête n’étaient pas de nature religieuse. Conséquemment, la piété d’une personne ne permettait pas de prédire l’ampleur de la violence à laquelle elle était exposée. Cette expérience naturelle a permis à l’équipe de déduire un lien de causalité.
Les résultats de l’enquête ont permis de cerner une relation forte et cohérente entre l’exposition à la guerre et la religiosité. Plus une personne ou sa famille était touchée par la guerre, plus cette personne était susceptible d’assister à des services religieux et de participer à des rituels religieux par la suite. Ce n’est pas seulement que les gens sont devenus plus sociaux en général. Selon les auteurs, « les groupes religieux sont vraiment des groupes particuliers ».
Les répercussions de ces recherches sont vastes et couvrent les sphères théorique, politique et sociale. Par exemple, cet effet pourrait contribuer à expliquer la persistance de la religion à travers l’histoire. Selon Henrich, « la plupart des sociétés humaines se sont construites autour de la religion et cela pourrait avoir joué un rôle important dans l’émergence des hiérarchies politiques ».
Cette étude a été publiée dans Nature Human Behaviour le 28 janvier 2019.
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