Par: Alan Bernstein
5 Nov, 2019
Quand la plupart d’entre nous pensons à des résultats de la recherche et de la science qui ont changé le monde — comme les vaccins, Internet ou des technologies telles que CRISPR —, il arrive souvent que nous ne considérions pas, voire que nous ignorions, les décennies de travail qu’il a fallu pour aboutir à ces découvertes de pointe.
Le temps permet aux chercheurs de remettre en question les paradigmes et d’explorer les idées qui comportent de grands risques tout autant que de grandes récompenses. Le temps est souvent un facteur essentiel à l’acceptation et à la valorisation d’une découverte qui change le monde, même pour le découvreur initial. Et le temps peut se révéler indispensable pour comprendre des problèmes multifactoriels et complexes, comme le développement du cerveau et de l’enfant, la croissance de l’inégalité, le rôle des institutions dans la croissance économique et le flux des électrons dans les matériaux condensés.
Voilà pourquoi le temps ainsi qu’un engagement soutenu dans la durée constituent des ingrédients fondamentaux de la méthode exceptionnelle dont s’est pourvu le CIFAR pour favoriser l’avancement des connaissances.
Aujourd’hui, les questions les plus pressantes et complexes auxquelles fait face l’humanité, comme le changement climatique, le populisme et la xénophobie, la maladie mentale, le racisme et l’inégalité du revenu, transcendent les frontières géographiques et disciplinaires. Pour relever ces défis, il faut miser sur une approche par problèmes, collaborative et interdisciplinaire, et impérativement avoir le temps nécessaire pour explorer ces enjeux complexes et tracer la voie vers des solutions.
Au CIFAR, nous veillons à offrir à nos programmes de recherche le temps et l’espace nécessaires pour favoriser la germination et le brassage des idées transformatrices.
Le mandat initial de nos programmes est d’une durée de cinq ans, mais beaucoup ont poursuivi leur travail pendant quinze ans ou plus. Ce modèle singulier a permis des percées, des découvertes, des virages stratégiques et des brevets d’importance. Mentionnons notamment la création de données clés dans les domaines en pleine évolution de l’informatique quantique et de l’intelligence artificielle, la découverte de douzaines de sursauts radio rapides dans l’univers profond, la mise en lumière de l’importance primordiale des premières années et des maternelles à plein temps, des avancées relativement aux déterminants sociaux de la santé et l’approfondissement d’une compréhension multidimensionnelle de l’inégalité.
En 2002, nous avons rassemblé une équipe de chercheurs issus de la sociologie, de la science politique, de la philosophie politique, de l’histoire, de l’économie, et de la psychologie organisationnelle, culturelle et sociale pour partager des connaissances et approfondir notre compréhension de la façon dont les structures sociétales facilitent ou entravent l’épanouissement d’une société. Pendant les 17 années qui ont suivi, l’équipe interdisciplinaire du programme Bien-être collectif du CIFAR a abordé des questions cruciales sur les facteurs nécessaires à la création de sociétés saines et résilientes, en particulier : Quels sont les déterminants de l’inégalité dans un monde où la polarisation et l’inégalité vont croissant?
Le programme, qui en est à sa dernière année, a récemment célébré l’aboutissement de ses réalisations dans un volume de synthèse de Daedalus qui diagnostique les causes et les conséquences de l’inégalité, et souligne des solutions et des recommandations fondées sur les résultats probants pour résoudre ces problèmes épineux et multidimensionnels. Ce travail témoigne de la magie qui opère quand on donne à une équipe interdisciplinaire de chercheurs exceptionnels le temps et la liberté d’explorer des questions complexes.
Au CIFAR, nous avons pour objectif de créer un espace où la magie opère, où des découvertes et des connaissances importantes voient le jour, à la fois pour approfondir nos connaissances sur le monde et l’univers, et pour créer un monde meilleur.