Par: Justine Brooks
19 Août, 2022
Pour que les avancées de la recherche aient un impact réel sur la société, il est essentiel d’établir des partenariats internationaux et des relations gouvernementales solides et stratégiques. Voilà le domaine où excelle Lissa Matyas.
Grâce à une solide expérience en matière d’établissement de relations et de leadership à l’échelle provinciale, nationale et internationale, Matyas a assumé en avril cette année la vice-présidence, Affaires gouvernementales mondiales, dans le but de promouvoir le CIFAR sur la scène mondiale et de favoriser de nouvelles possibilités de partenariats publics. Alors que le CIFAR célèbre son 40e anniversaire, Matyas nous livre ses réflexions sur les forces de l’organisation au cours des 40 dernières années et sur son évolution continue.
CIFAR : Parlez-nous des affaires gouvernementales mondiales au CIFAR.
Lissa Matyas : Notre objectif est de développer et d’approfondir les collaborations du CIFAR avec ses partenaires fédéraux, provinciaux et internationaux, et de cultiver des relations durables. Nous souhaitons continuer à collaborer avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE) et d’autres partenaires du gouvernement fédéral, et être en mesure d’élaborer des produits destinés aux provinces qui répondent à leurs priorités stratégiques ainsi qu’à leurs stratégies en matière de sciences et d’innovation. De plus, nous allons nous concentrer sur la création de partenariats stratégiques internationaux, là où cela se révèle pertinent pour le CIFAR et où nous pouvons exploiter nos forces et notre impact.
CIFAR : Le CIFAR vient de célébrer son 40e anniversaire. Que pensez-vous de la réputation mondiale du CIFAR aujourd’hui?
Lissa Matyas : Au cours des dernières années, le CIFAR a gagné en notoriété au niveau international. Le rôle du CIFAR dans l’écosystème mondial de la science et de l’innovation suscite un grand intérêt chez les partenaires nationaux et internationaux. Ils aiment le modèle et estiment qu’il est important de disposer d’une organisation mondiale respectée, capable de réunir les plus remarquables scientifiques du monde entier, mais qui ne fait pas partie d’un gouvernement et constitue donc un organisme neutre. Cela permet aux scientifiques de repousser véritablement les limites de la science. Les gouvernements de par le monde peuvent bénéficier de ces nouvelles approches pour relever les défis mondiaux, ainsi que pour faire progresser des industries entièrement nouvelles telles que l’intelligence artificielle (IA), la science quantique et d’autres domaines qui ont des racines importantes au sein des programmes du CIFAR.
CIFAR : Comment voyez-vous le CIFAR tirer parti de ses succès et forger de nouveaux partenariats et de nouvelles opportunités à l’échelle internationale?
Lissa Matyas : Il est vraiment inhabituel de réunir une telle brochette internationale de scientifiques de disciplines différentes, et cela fait partie de la recette du succès du CIFAR. L’Institut est un leader mondial de la « science du travail d’équipe », alors que d’autres organismes de recherche ont du mal à ce chapitre. Beaucoup de nos membres et des jeunes universitaires du programme des chercheurs mondiaux CIFAR-Azrieli se trouvent aux États-Unis et en Europe de l’Ouest, raison pour laquelle nous discutons de nouveaux partenariats avec ces pays. L’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) constituent aussi une grande priorité pour le CIFAR et nous sommes en train de préparer le terrain à l’établissement de partenariats avec des pays plus lointains. Les meilleurs partenariats sont gagnants pour chaque partenaire et mènent généralement à des collaborations de plus en plus intéressantes et à un plus grand impact mondial. Tel est l’avenir du CIFAR pour les 40 prochaines années : jouir d’une envergure véritablement mondiale, non seulement en termes de partenariats, mais aussi en ce qui concerne l’impact et la résolution commune de problèmes mondiaux. Le CIFAR est un peu le capital-risque de la science qui finance des projets audacieux à fort impact, en étant conscient que toutes les avenues de recherche ne porteront pas nécessairement fruit, mais que beaucoup de celles qui aboutissent peuvent produire d’énormes dividendes, à la fois en matière d’impact économique et social, au Canada et dans le monde entier.
CIFAR : Le Canada est le premier pays à se doter d’une stratégie nationale en matière d’IA. Comment la Stratégie pancanadienne en matière d’IA peut-elle servir d’exemple aux autres gouvernements du monde?
Lissa Matyas : De nombreux gouvernements étrangers viennent rencontrer le CIFAR pour nous demander comment nous avons fait. Le fait d’être le premier pays à disposer d’une stratégie nationale en matière d’IA positionne le Canada comme un leader dans le domaine. Le gouvernement du Canada a récemment renouvelé la stratégie pour un deuxième mandat et, grâce à ce financement, le CIFAR pourra continuer à repousser les limites de la recherche fondamentale en IA ainsi que ses applications dans des domaines importants comme la santé, l’environnement et l’énergie. Les gouvernements et les organismes subventionnaires étrangers s’en réjouissent, car ils cherchent également à mobiliser de façon pertinente les universitaires pour déployer l’IA dans pratiquement tous les domaines. La Stratégie pancanadienne en matière d’IA est devenue une carte de visite pour le CIFAR et contribue à faire connaître le Canada et le CIFAR, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités pour nous et pour les instituts d’IA.
CIFAR : Selon vous, quelle est la force la plus exceptionnelle ou la plus grande du CIFAR, en ce qui concerne sa capacité à devenir un leader mondial de la recherche?
Lissa Matyas : Je pense qu’il s’agit d’un milieu assez exceptionnel pour la réalisation d’expériences audacieuses à fort impact et pour le rassemblement de scientifiques dans le but de mettre au point de nouvelles technologies et méthodes pour résoudre les problèmes mondiaux. De plus, nous rendons un fier service aux gouvernements du Canada et du monde entier en attirant l’attention sur l’importance de choses qui ne nous touchent pas nécessairement aujourd’hui, mais qui pourraient nous affecter dans 5, 10 ou 20 ans. Les résultats de nos programmes peuvent avoir une incidence sur l’élaboration des politiques gouvernementales, sur les investissements publics et privés ainsi que sur les stratégies et les orientations en matière de développement économique. Quand on regarde ce que le CIFAR a accompli pour l’IA et la science quantique et comment ce travail a créé des secteurs à forte croissance et des emplois bien rémunérés au Canada, c’est assez extraordinaire. Il y a aussi le fait que nous réunissons les scientifiques les plus remarquables du monde autour de ces questions importantes. Le résultat obtenu constitue souvent le plus grand trésor de possibilités de commercialisation au monde. Où d’autre trouver un bassin aussi riche et varié de nouvelles idées et orientations? Plus de 20 lauréats d’un prix Nobel ont participé aux programmes du CIFAR, et personne n’a jamais refusé l’invitation à se joindre à l’un de nos programmes. Avec raison!