Par: Liz Do
4 Sep, 2024
Qu’est-ce qui pourrait nuire à l’approvisionnement alimentaire d’ici 2050? Pour le découvrir, le CIFAR a réuni des scientifiques du monde entier pour mettre en place un panel exploratoire sur « L’avenir de l’alimentation ».
Il s’agit de la première initiative de prospective depuis le lancement de la Stratégie renouvelée du CIFAR. Lancée ce printemps, la Stratégie comporte des engagements plus importants en matière d’exploration et de ciblage de domaines susceptibles d’être au cœur des préoccupations dans 10 ans, 20 ans ou plus, en tant que graves menaces pour la santé et la prospérité des populations du monde entier, ou en tant que possibilités en la matière.
Le panel se compose de neuf scientifiques représentant diverses expertises dans le domaine des systèmes alimentaires à travers le monde, provenant entre autres des Pays-Bas, du Kenya, du Pérou et du Canada.
« Le système alimentaire commercial mondial actuel produit plus de nourriture, plus efficacement, que ce que nos grands-parents auraient pu imaginer, et la distribue dans le monde entier. Il s’agit d’une merveille de la science appliquée, de la technologie et du commerce, qui offre plus de variété, de commodité et de qualité que jamais auparavant », explique Deborah Buszard, présidente du panel, professeure à l’Université de la Colombie-Britannique, spécialisée en phytologie.
« Cela dit, il y a des coûts – des impacts sur les écosystèmes, les sols et les ressources hydriques, ainsi que sur le climat, ajoute Deborah Buszard. Et l’abondance des systèmes alimentaires mondiaux d’aujourd’hui a des limites. D’une part, des millions de personnes souffrent de faim et de malnutrition et, d’autre part, nous observons une augmentation de l’obésité. »
Afin de comprendre toute la complexité et les défis des systèmes alimentaires des décennies à venir, le panel s’est livré à des exercices de prospective dirigés, notamment en créant des scénarios sur la nature éventuelle du monde et des systèmes alimentaires en 2050. Selon les Nations Unies, au cours des 30 prochaines années, l’approvisionnement et la sécurité alimentaires seront gravement menacés si rien ou presque rien n’est fait pour lutter contre les changements climatiques et remédier à la vulnérabilité des systèmes alimentaires à ces changements.
« L’alimentation est essentielle au bien-être de la population et les changements climatiques augmentent la probabilité de mauvaises récoltes à travers le monde. Il est urgent d’investir dans l’amélioration des systèmes de production alimentaire pour qu’ils résistent aux pressions climatiques », déclare Buszard.
Les discussions du panel ont porté sur divers sujets, qu’il s’agisse des systèmes alimentaires autochtones, de la pêche, des environnements contrôlés, des nouveaux aliments de fabrication industrielle, ou encore de régimes alimentaires et de santé.
Le groupe a aussi visité des fermes sur des toits à Toronto et a participé à des discussions avec des membres de l’Alliance mondiale pour l’avenir de l’alimentation, de Fresh City Farms, de Community Food Centres Canada et du Food Innovation & Research Studio, qui ont mis l’accent sur l’insécurité alimentaire, le gaspillage alimentaire et l’infrastructure sociale.
Des discussions de suivi sont prévues pour le mois de septembre. En fin de compte, le CIFAR vise à mettre à profit les idées du panel pour cerner des domaines de recherche et d’intérêt éventuels pour l’organisation et favoriser l’impact futur au Canada et dans le monde entier.
« La montée de l’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale constitue un défi pressant pour la science et l’humanité », a déclaré Stephen Toope, président et chef de la direction du CIFAR.
« La Stratégie renouvelée du CIFAR comporte un engagement relatif à l’élargissement de l’exploration de questions qui se profilent à l’horizon et que le modèle du CIFAR pourrait permettre d’aborder de manière productive, et l’avenir de l’alimentation constitue à mes yeux le meilleur point de départ, a-t-il ajouté. Nous sommes enthousiastes à l’idée d’explorer comment la mobilisation de scientifiques à la vision audacieuse et tournée vers l’avenir pour travailler par-delà les frontières géographiques et disciplinaires pourrait conduire à de nouvelles idées, perspectives et connaissances sur ce sujet d’une importance vitale. »