Les femmes en recherche : Entretien avec Grace Adeniyi-Ogunyankin du CIFAR
Par : Liz Do
15 février 2024
Grace Adeniyi-Ogunyankin fait partie d’un panel dynamique de chercheuses qui parleront de leur parcours universitaire et des défis à relever à la prochaine Conférence du CIFAR, le 28 février
En réfléchissant à sa carrière universitaire, Grace Adeniyi-Ogunyankin dit qu’elle n’a pas eu l’impression d’avoir bénéficié d’un mentorat adéquat.
« Voilà pourquoi je suis plus sensible à mon rôle de mentor », explique Adeniyi-Ogunyankin, membre du programme Avenir urbain de l’humanité du CIFAR et professeure agrégée à l’Université Queen’s.
De plus, elle est déterminée à participer à des initiatives et à des événements qui mettent en lumière les questions intersectionnelles au sein de la communauté de recherche, ce qui lui donne l’occasion de parler de ses expériences et de son engagement en faveur du féminisme.
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À l’approche de la Conférence du CIFAR : Les femmes en recherche, qui se tiendra le 28 février, Adeniyi-Ogunyankin - dont les recherches portent sur l’identité, la race, le capitalisme et la colonialité - s’est entretenue avec le CIFAR au sujet de son travail et des raisons pour lesquelles il est important pour elle de participer à cet événement.
CIFAR : Votre travail examine comment l’avenir urbain africain est dépeint dans la culture populaire et imaginé par les populations urbaines, les personnes élues et les responsables des politiques. Qu’est-ce qui a suscité votre intérêt pour le domaine?
Adeniyi-Ogunyankin : Après la crise financière mondiale de 2008, le capitalisme était sans doute à la recherche de sa prochaine cible. Et géographiquement, l’Afrique faisait partie des options. Tout d’un coup, les entreprises ont commencé à parler de l’Afrique comme de la prochaine destination pour les opportunités d’investissement.
Je me suis donc penchée sur la manière dont les personnes élues et les responsables des politiques envisagent l’avenir de l’Afrique, en particulier dans le contexte du Nigeria, mon pays de naissance. Je souhaite savoir comment les personnes élues imaginent l’avenir urbain. Et quels sont les exercices auxquels ces personnes se livrent, notamment dans l’espoir de susciter des investissements, afin de définir une vision particulière de l’avenir urbain? Comment la population, en particulier les jeunes, réagit-elle aux changements qui se passent?
CIFAR : Parlez-moi de votre parcours de recherche, depuis l’étincelle initiale jusqu’à aujourd’hui - quelles réalisations vous procurent le plus de fierté? Quels sont les défis que vous avez rencontrés en cours de route?
Adeniyi-Ogunyankin : Je dirais que mon parcours de recherche a compté bien des défis vu le type de travail que j’ai dû accomplir, surtout quand je pense aux personnes qui ont participé à mes recherches.
D’une part, je suis une universitaire établie en Amérique du Nord. Mon avenir financier est vraisemblablement assuré. D’autre part, je vois que la vie de certaines des personnes qui prennent part à mes recherches n’a pas changé - c’est un aspect difficile lorsqu’on réalise des recherches dans certains domaines. Mais il est aussi gratifiant de tisser des liens avec ces personnes et d’être en mesure de faire un portrait plus diversifié des populations et des villes africaines.
CIFAR : Le 28 février, vous ferez partie des panélistes de la Conférence du CIFAR : Les femmes en recherche. Pourquoi avez-vous décidé d’y participer?
Adeniyi-Ogunyankin : Je voulais participer pour partager mes expériences en tant que féministe et personne qui réfléchit à l’intersectionnalité . Je veux partager mes points de vue et les défis auxquels je suis confrontée à titre de chercheuse et professeure, en particulier en ce qui concerne ma situation sociale en tant que femme et mère noire et africaine.
CIFAR : Vous êtes également membre de la communauté des ambassadeurs de l’EDI en recherche du CIFAR (REDIAC) qui soutient l’avancement de l’équité, de la diversité et de l’inclusion (EDI) au sein de la communauté de recherche du CIFAR. Pourquoi est-ce important pour vous de participer à cette initiative?
Adeniyi-Ogunyankin : Je pense qu’il est important de faire partie de ces comités, car il y a toujours le risque que l’EDI s’affaiblisse dans les établissements. Quand il s’agit de la communauté de recherche, le processus de recherche est rarement neutre - il est donc essentiel d’introduire l’EDI et d’inciter les scientifiques à s’engager autant que possible dans une démarche de réflexion. Je veux pouvoir faire valoir mes origines, en tant que féministe et en tant que personne engagée dans la lutte antiraciste et anticoloniale, ainsi que dans la remise en question de la colonialité. Il est important pour moi de continuer à contribuer - et à apprendre.
CIFAR : Qui ont été vos mentors ou vos modèles dans votre trajectoire de recherche?
J’ai souvent eu l’impression de ne pas avoir bénéficié d’un mentorat adéquat. Voilà pourquoi je suis plus sensible à mon rôle de mentor.
Adeniyi-Ogunyankin : J’ai participé à bon nombre de relations de comentorat, mais avec des collègues de mon université et d’autres universités au Canada et aux États-Unis - nous nous soutenons mutuellement parce que le milieu universitaire est un espace difficile pour nous en tant que femmes de couleur. Je pense que le mentorat est d’une incroyable importance pour la prochaine génération, et je crois aussi profondément au comentorat.