Par: Cynthia Macdonald
10 Avr, 2019
Des membres du programme Extrême Univers et gravité du CIFAR ont participé à la collaboration internationale qui a pris ces photos historiques
Pour la première fois, une équipe internationale de chercheurs a réalisé une image du plus invisible des objets : un trou noir.
Les chercheurs du projet Event Horizon Telescope (EHT) qui se compose de huit télescopes terrestres situés aux quatre coins du globe ont décrit leurs résultats lors de six conférences de presse internationales tenues le 10 avril. Ce même jour, les résultats ont aussi été présentés en détail dans une série d’articles publiés dans Astrophysical Journal Letters.
La photo prise par l’EHT révèle un trou noir supermassif au centre d’un anneau orange brillant. Cet anneau de lumière entoure l’horizon des événements, une barrière au-delà de laquelle la gravité est si forte que rien ne peut s’en échapper, même pas la lumière.
Daryl Haggard, Chercheuse mondiale du CIFAR de la cohorte de 2017 et professeure adjointe de physique à l’Université McGill, fait partie des plus de 200 astronomes qui ont contribué aux articles publiés aujourd’hui. Selon elle, la photo de l’EHT aura des répercussions considérables pour les scientifiques du programme Extrême Univers et gravité.
« Cela nous aidera à comprendre comment la masse pénètre dans les trous noirs », dit-elle. « Voilà l’occasion de nous lancer et de comprendre la physique des matériaux au voisinage d’un trou noir – de comprendre véritablement l’écosystème dans son ensemble. »
Le trou noir dans la photo publiée aujourd’hui se trouve dans la galaxie M87, à quelque 55 millions d’années-lumière. Haggard a réalisé des recherches approfondies sur un autre trou noir capté par le télescope, connu sous le nom de Sagittarius A* (prononcé A-étoile).
Les données sur ce trou noir n’ont pas encore été publiées, mais le seront bientôt, affirme Haggard. L’analyse des données se révèle plus difficile, car A* se cache dans notre Voie lactée – une galaxie débordant d’objets célestes.
La nouvelle d’aujourd’hui confirme aussi la puissance de la technologie utilisée pour capter l’image : l’interférométrie à très longue base. Matt Dobbs, Boursier au sein du programme Extrême Univers et gravité du CIFAR et professeur agrégé à l’Université McGill, participe à la conception et à l’exploitation d’instruments comme ceux utilisés pour capter les images de l’EHT. Bien qu’il n’ait pas contribué à l’analyse des données pour ce projet, il a mené des travaux approfondis au pôle Sud où se trouve l’un des télescopes de l’EHT (les autres se trouvent au Chili, au Mexique, en Espagne, dans la zone continentale des États-Unis et à Hawaii).
« Cette image marque le début d’une nouvelle ère », écrit-il dans un courriel. « Depuis longtemps, nous observons les effets des trous noirs dans la transmission d’émissions galactiques et la formation de la structure à grande échelle dans le cosmos. Nous pouvons finalement observer ces objets directement et la technologie de l’interférométrie à très longue base a atteint un nouveau degré de maturité. »
Ue-Li Pen, également Boursier au sein du programme Extrême Univers et gravité du CIFAR, a collaboré aux travaux de l’EHT à travers son rôle de directeur de l’Institut canadien d’astrophysique théorique.