Par: Jon Farrow
4 Fév, 2019
Un groupe de chercheurs recommande d’équiper la prochaine série de missions sur Mars de pelles et de foreuses. Ou à tout le moins d’un système géoradar.
Les chercheurs avancent que si la vie a déjà existé sur Mars, elle s’est probablement retirée dans le sous-sol il y a bien longtemps. Dans un article publié dans Nature Astronomy, ils formulent une série de recommandations sur la façon dont les futures missions martiennes devraient partir à la recherche de la vie.
Jusqu’à présent, les missions sur Mars n’ont fait qu’effleurer la surface et les robots rovers n’ont percé que les premiers centimètres du sol. L’article recommande d’utiliser des techniques d’imagerie et de forage souterrains pour explorer une couche allant de quelques mètres à plusieurs kilomètres sous la surface et de miser sur les terrains fracturés où les produits des processus souterrains peuvent s’étendre plus près de la surface.
« Diverses questions, comme celles de savoir s’il y a déjà eu ou s’il y a encore de la vie sur Mars, comment le climat martien a changé au fil de longues périodes de temps, s’il y a encore de l’eau liquide et s’il y a suffisamment de ressources accessibles pour une présence humaine prolongée, resteront sans réponse tant que nous ne commencerons pas à “creuser plus en profondeur” », écrit l’auteur.
Bien que la surface de Mars soit aujourd’hui considérée comme un désert dénué de vie, elle était autrefois chaude et humide. « Il y avait de l’eau stagnante, c’est certain. Mais nous ignorons s’il elle se trouvait dans des lacs, des bassins salifères ou des océans », affirme Barbara Sherwood Lollar, professeure de géologie à l’Université de Toronto et coauteure de l’article.
Lorsque la planète s’est asséchée, l’eau liquide s’est retirée dans le sous-sol et elle s’y trouve encore aujourd’hui. Si la vie est essentielle à l’eau, ce qui fait consensus actuellement, les découvertes majeures sur l’histoire éventuelle de la vie sur Mars devraient nous attendre sous la surface.
Pour Jack Mustard, coauteur de l’article et professeur de sciences terrestres, environnementales et planétaires à l’Université Brown, cette frontière est source d’enthousiasme.
Cela fait des siècles que Mars captive l’imagination des scientifiques. Les prochaines découvertes se cachent sous la surface. (photo en bannière © NASA)
« La surface de Mars est inhospitalière depuis un milliard d’années. Il ne s’agit pas d’un endroit où des organismes survivraient bien longtemps et leurs sous-produits ne seraient pas préservés », dit-il. Voilà pourquoi selon lui et ses coauteurs, les planificateurs de mission devraient maintenant commencer à songer au sous-sol.
Diverses questions, comme celles de savoir s’il y a déjà eu ou s’il y a encore de la vie sur Mars, comment le climat martien a changé au fil de longues périodes de temps, s’il y a encore de l’eau liquide et s’il y a suffisamment de ressources accessibles pour une présence humaine prolongée, resteront sans réponse tant que nous ne commencerons pas à “creuser plus en profondeur”
Mais la collecte de données sous la surface de Mars ne sera pas aussi simple que de fixer un marteau-piqueur au prochain rover.
« Trouver le moyen d’avoir accès au sous-sol constitue tout un défi, car on ne peut pas nécessairement forer », admet Mustard. Les auteurs de l’article proposent un éventail de techniques qui ont bien fonctionné pour élargir notre compréhension du sous-sol de la Terre. Notons, entre autres, les carottes de glace polaire, la surveillance orbitale, le sondage par radar et l’électromagnétisme transitoire. Ces technologies pourraient nous renseigner sur la composition et l’histoire de l’eau sur Mars, en plus de faciliter la colonisation future en nous indiquant où creuser pour trouver des ressources.
Selon les auteurs, nous devrions nous tourner vers le sous-sol martien non seulement parce que c’est un territoire inconnu, mais aussi parce qu’il y a de bonnes raisons de croire que si nous creusons nous réussirons à élucider des questions de longue date.
Mustard et Sherwood Lollar ont soumis une proposition dans le cadre de l’Appel à idées mondial du CIFAR : Terre 4D – science et exploration du sous-sol. De nombreuses personnes qui ont collaboré à cet article se sont réunies grâce à des ateliers du CIFAR destinés à étoffer la proposition au printemps et à l’été 2018.
L’article a été publié dans Nature Astronomy le 14 janvier 2019.