Par: Jon Farrow
22 Mar, 2019
Les chercheurs recommandent une meilleure intégration entre ceux qui étudient les écosystèmes et ceux qui les protègent des criminels.
La dégradation de l’environnement peut conduire à divers crimes, comme le commerce illégal d’espèces sauvages et le déversement de déchets toxiques, qui dégradent encore davantage l’environnement. Selon un groupe d’experts réunis par le CIFAR, les décideurs doivent tenir compte de ce type d’interactions quand ils cherchent à réaliser leurs objectifs de conservation.
En janvier, des chercheurs du monde entier et de divers domaines, comme la géographie, la criminologie, les sciences politiques et l’écologie, se sont réunis aux bureaux du CIFAR à Toronto pour discuter de nouvelles façons de considérer les crimes environnementaux, comme le braconnage, la contrebande et l’extraction illégale de ressources.
Ils se sont demandé, plus spécifiquement, comment combiner le travail destiné à prévenir des crimes environnementaux transnationaux, comme le braconnage, la pêche illégale et le déversement de déchets dangereux, avec la recherche sur la sécurité environnementale qui se définit comme le maintien d’écosystèmes sains dotés d’une biodiversité intacte et de communautés humaines aptes à exploiter les ressources naturelles de façon durable. L’atelier découle d’une proposition présentée dans le cadre de l’Appel à idées mondial.
« Il vous faut d’abord définir de façon efficace l’“activité criminelle” et l’“environnement”. Et réfléchir à la façon dont vous veillerez à ce que les générations futures aient accès à un environnement sécuritaire pour leur propre subsistance », a déclaré Peter Stoett, animateur de l’atelier et doyen de la Faculté des sciences sociales et humaines de l’Institut de technologie de l’Université de l’Ontario.
« Les crimes comme l’exploitation forestière illégale sont du ressort des autorités locales, mais ces crimes ont aussi des répercussions écologiques et sociales transfrontalières. Les chercheurs souhaitent une vision plus large. »
Les participants à l’atelier ont conclu que la criminalité environnementale et la sécurité environnementale s’influencent l’une l’autre de manière complexe. Par exemple, comme les efforts de conservation peuvent entraîner des perturbations économiques, certaines personnes sont plus susceptibles de commettre des crimes comme la chasse, la consommation et le trafic illicite d’espèces sauvages. En outre, des crimes comme l’exploitation forestière illégale peuvent constituer des vecteurs d’invasion biologique, ce qui réduit la sécurité environnementale.
« J’aimerais qu’on mette davantage l’accent sur l’intersection entre ces deux éléments. De plus, nous croyons que c’est très pertinent pour réussir à atteindre les objectifs de développement durable de 2030 », a déclaré Stoett.
Les participants ont rédigé un communiqué qui présente les conclusions et les recommandations de l’atelier destinées aux décideurs. Ce communiqué a été distribué, entre autres, au Programme des Nations Unies pour l’environnement, au Secrétariat de la Convention sur le commerce des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction et au gouvernement du Canada. Les participants espèrent qu’il sera également publié dans une importante revue universitaire.
Stoett voit l’atelier comme une première étape dans l’établissement de cette méthode combinée au sein des cercles universitaires, industriels et politiques. En plus de la diffusion des recommandations par l’entremise des réseaux des participants, dans des publications et des actes de conférence, Stoett espère que le groupe principal réuni au CIFAR pourra faire évoluer la conversation et passer à une recherche empirique plus solide.
« Les liens tissés entre les experts lors de cet atelier seront durables et constructifs. »