Sommaire exécutif
Le 28 mars 2019, le CIFAR, en partenariat avec la Fondation Aga Khan Canada et le Centre de recherches pour le développement international, a organisé une table ronde pour explorer notre compréhension de l’impact des adversités multiples tôt dans la vie sur le développement et la santé de l’enfant, ainsi que les possibilités pour favoriser des interventions plus efficaces. Parmi les participants, notons des Boursiers du programme Développement du cerveau et de l’enfant du CIFAR, ainsi que des maîtres à penser du secteur du développement international, y compris des ministères gouvernementaux et des organisations de développement international.
Les discussions à la table ronde ont mis l’accent sur une question principale : comment l’adversité pendant la petite enfance influence-t-elle la santé et le développement de l’enfant tout au long de la vie? Par l’entremise de brèves présentations introductives et de discussions dirigées, le groupe a exploré plusieurs types d’adversité qui se manifestent couramment dans des milieux aux ressources restreintes et intermédiaires à l’échelle mondiale (y compris la malnutrition et le stress toxique), la nature des interactions entre ces diverses adversités, les répercussions de la mise au point de nouvelles méthodes de recherche, et des possibilités de prévention et d’intervention précoce. Parmi les résultats clés de la journée, notons l’importance de programmes d’intervention multidimensionnels qui considèrent de multiples adversités; le rôle des relations comme tampon contre le stress; les possibilités d’interventions personnalisées découlant de percées dans les mesures cérébrales et d’autres évaluations biologiques; et le besoin crucial d’un échange plus approfondi entre les chercheurs et les professionnels pour mettre au point des programmes d’intervention qui fonctionnent dans des communautés aux contextes et aux besoins différents. Cette conversation initiale a jeté les assises de collaborations futures, de groupes de travail et de discussions conjointes entre les participants et la communauté du développement dans son ensemble, et a offert des orientations à la recherche et à la pratique dans les domaines de l’adversité et du développement de l’enfant.
Parties prenantes cibles
- Organisations de développement international (y compris des organisations intergouvernementales et des bailleurs de fonds)
- ONG humanitaires
- Travailleurs de première ligne en développement de l’enfant
- Fabricants d’outils diagnostiques
- Spécialistes de la mise en œuvre
Résultats clés
- Les connaissances émanant de la recherche en neuroscience (comme la façon dont l’adversité définit la trajectoire du développement cérébral, ou comment des mesures fonctionnelles du cerveau pourraient indiquer un « risque latent » qui ne s’est pas encore manifesté sur le plan comportemental) peuvent nous aider à mieux comprendre quand, ou comment, il faut mettre en œuvre des programmes d’intervention pour optimiser l’impact sur le développement de l’enfant. En même temps, les professionnels, forts de leur expérience sur le terrain, peuvent exploiter leurs connaissances pour combler des lacunes et tirer profit de possibilités.
- Des adversités différentes se produisent souvent de façon concomitante et en interaction. Il ne faudrait pas procéder à des interventions de façon isolée. Il sera plus efficace de mettre au point des programmes d’intervention multidimensionnels qui s’attaquent à des risques multiples.
- « Protéger l’unité tampon » : Les relations sociales peuvent constituer un facteur de protection contre le stress, mais elles sont aussi menacées par l’adversité. Conséquemment, le renforcement des relations peut avoir un effet positif sur la croissance et le développement des enfants. Plus largement, l’établissement de relations à long terme entre les chercheurs, les professionnels et les communautés, et entre les travailleurs de première ligne et leurs superviseurs, constitue un facteur de réussite essentiel des programmes d’intervention.
- « Ce qui fonctionne, pour qui, dans quelles conditions » : Pour garantir la réussite et la pertinence de programmes d’intervention, il est important de tenir compte de nombreux contextes, notamment les contextes culturels, politiques et autres. Cela pourrait mettre en jeu l’établissement de partenariats avec divers membres de la famille ou de la communauté. Il se fait aussi des recherches émergentes sur la façon dont des enfants différents ont des sensibilités différentes aux mêmes stresseurs environnementaux, ce qui pourrait nous aider à expliquer pourquoi certains enfants retirent moins de bienfaits de certaines interventions et à voir comment atténuer ce phénomène.
- « Une deuxième chance dans la deuxième décennie » : Des recherches récentes suggèrent qu’il existe une deuxième « période sensible » pendant l’adolescence, moment où il pourrait y avoir un « recalibrage » de certaines compétences cognitives et socioémotionnelles. Cela suggère qu’il serait nécessaire de s’attaquer à l’adversité au-delà de la petite enfance et que des possibilités s’offrent à nous.
- Des progrès en évaluation biologique, comme les biomarqueurs physiologiques, les scores génétiques ou les mesures cérébrales pourraient faciliter la mise au point d’interventions personnalisées en fonction des variations individuelles et du profil de symptômes. De l’équipement de neuroimagerie plus abordable et portatif (comme les électroencéphalogrammes ou la spectroscopie dans le proche infrarouge) pourrait permettre une surveillance et une intervention en temps réel dans des milieux aux ressources restreintes.
Priorités et prochaines étapes
- Un échange bidirectionnel entre les chercheurs et les professionnels sera essentiel pour mettre sur pied des programmes d’intervention qui fonctionnent dans des communautés aux contextes et aux besoins différents.
- Différents secteurs en recherche et en pratique requièrent une plus grande collaboration pour comprendre comment les adversités pendant la petite enfance agissent en synergie, et comment structurer les programmes d’intervention pour cibler efficacement de multiples adversités (par ex., quelles composantes à prioriser, comment intégrer des éléments dans des programmes existants, etc.).
- Il est très important de financer d’autres recherches sur la mise en œuvre pour rapprocher les recommandations fondées sur les résultats de recherche issus d’études pilotes dans des environnements plus contrôlés avec ce qui est possible pour des programmes mis à l’échelle dans des contextes réels non contrôlables.
Participants à la table ronde
- Frances Aboud, Université McGill
- Amina Abubakar, Université Aga Khan
- Robert Armstrong, Université Aga Khan
- Theresa Betancourt, École de travail social du Collège de Boston
- Margaret Biggs, Centre de recherches pour le développement international/Université Queen’s
- Zahra Boodhwani, Affaires mondiales Canada
- Molly Buckley, Fondation Aga Khan Canada
- Michelle Cruickshank, Grands Défis Canada
- Tracey Evans, Fondation Aga Khan Canada
- Elizabeth Grant, Fondation Aga Khan É.-U.
- Megan Gunnar, Université du Minnesota/CIFAR
- Ely Harasawa, ministère de la Citoyenneté, gouvernement du Brésil
- Celia Hsiao, Fondation LEGO
- Rob Hughes, Fondation du Fonds d’investissement pour l’enfance
- Montasser Kamal, Centre de recherches pour le développement international
- Vesna Kutlesic, Institut national de la santé des enfants et du développement humain
- Stephen Lye, Institut de recherche Lunenfeld-Tanenbaum
- Qamar Mahmood, Centre de recherches pour le développement international
- Steve Mason, Fondation Aga Khan Canada
- Charles Nelson, École de médecine de Harvard/CIFAR
- Fe Nogra-Abog, Bureau national de Plan International Canada
- Kieran O’Donnell, Université McGill/CIFAR
- Shawn Powers, Banque mondiale
- Rommy Rios Nuñez, Fondation Baltazar et Nicolas
- Ioanna Sahas Martin, Affaires mondiales Canada
- Chiara Servili, Organisation mondiale de la santé
- Sweta Shah, Fondation Aga Khan
- Sadaf Shallwani, Fondation Firelight
- Khalil Shariff, Fondation Aga Khan Canada
- Melanie Swan, Plan International
- Asrat Dibaba Tolossa, Vision mondiale Canada
- Mark Wade, École de médecine de Harvard
- Alice Wuermli, Université de New York
- Mary Young, Fondation chinoise de recherche sur le développement
- Aisha Yousafzai, École de santé publique T.H. Chan de Harvard