Le 22 février 2019, les boursiers du programme Bien-être collectif du CIFAR ont été invités à faire une présentation au groupe de travail sur la diversité et l’inclusion mis sur pied par les sous-ministres du gouvernement du Canada. Compte tenu de l’engagement du gouvernement à appuyer la diversité, à promouvoir l’inclusion et à favoriser la cohésion sociale, les boursiers ont rapporté les principales conclusions du programme et ont discuté avec les membres du groupe de travail des causes des inégalités sociales persistantes au Canada afin de mieux les faire comprendre aux responsables des politiques. Ce rapport met en lumière les résultats clés de leurs présentations. Il s’agissait du premier engagement d’une série de rencontres visant à appliquer concrètement les résultats du programme Bien-être collectif du CIFAR.
Résultats clés
- Le jugement des électeurs sur le « mérite » de divers groupes de la société les amène à soutenir des politiques sociales de redistribution ou à s’y opposer. Ce jugement est fortement influencé par la perception de l’« appartenance » de ces groupes à la société. Ceux dont l’appartenance est jugée moins grande sont considérés comme des groupes qui méritent moins de dépenses sociales ciblées. Lorsque ces groupes réclament des ressources de l’État, leurs revendications sont souvent perçues comme une preuve supplémentaire d’un manque d’appartenance.
- La croissance des inégalités en matière de revenus dans la société n’a pas nécessairement entraîné un soutien accru des politiques sociales de redistribution, car ce soutien dépend à la fois de la perception des inégalités et de l’attestation des problèmes posés par ces inégalités. Les personnes qui préfèrent la présence de hiérarchie sociale ou qui croient que le milieu de travail est méritocratique, que la société est juste et que la mobilité sociale est fondée sur le mérite ont tendance à ne pas appuyer les politiques de redistribution. En fait, leur soutien diminue davantage lorsqu’ils aspirent à une société méritocratique, alors que les personnes qui souhaitent également une société méritocratique mais qui pensent que la mobilité sociale pose problème manifestent un plus grand soutien pour de telles politiques.
- Notre sentiment d’identité vient en partie des groupes dont nous faisons partie, et nous souhaitons fortement protéger cette identité de groupe. Bien que la société s’entende sur les horreurs des injustices passées, il existe des différends quant à leurs liens avec les iniquités actuelles. Plutôt que de susciter l’empathie et d’encourager la réparation, le rappel d’une injustice historique peut déclencher le sentiment que notre identité sociale est menacée et entraîner une réponse défensive, soit de blâmer les victimes, de nier les dommages ou de reléguer l’injustice à un passé lointain. Cependant, si on donne aux gens un moyen de préserver leur identité sociale et leur estime de soi, par exemple en mettant l’accent sur des valeurs communes avec le groupe victime d’injustice, ils seront plus portés à soutenir les politiques restitutives ou antidiscriminatoires.
- En matière d’inclusion et d’égalité, l’approche « ajouter et remuer » (par exemple, en intégrant les peuples autochtones aux activités du secteur des ressources naturelles) tend à ériger les convictions et les hypothèses d’un groupe (les colons européens) en normes universelles et à ignorer une vision du monde potentiellement inconciliable qui met de l’avant la relation des humains avec la terre et les êtres non humains.
Présentateurs
- Will Kymlicka, Université Queen’s / CIFAR
- Paige Raibmon, Université de la Colombie-Britannique / CIFAR
- Leanne Son-Hing, Université de Guelph / CIFAR
- Anne Wilson, Université Wilfrid-Laurier / CIFAR
Lectures complémentaires
Théorisations du pouvoir de la citoyenneté en tant que médiatrice de revendications (résumé de recherche)
Conférence David Dodge du CIFAR 2018 : Les frontières de l’inclusion (compte rendu d’événement)
De nouveaux modèles pour la prospérité (compte rendu d’événement)
Pour de plus amples renseignements, communiquez avec : Amy Cook, Directrice principale, mobilisation du savoir