Par: Alan Bernstein
3 Sep, 2019
La liberté de recherche est une pierre angulaire de la démocratie et se révèle essentielle à une meilleure compréhension du monde qui nous entoure.
La création de nouvelles connaissances, particulièrement des connaissances qui contestent les dogmes dominants, n’est possible qu’au sein d’une société qui tolère, voire encourage la liberté de pensée et la liberté de douter de tout (pour une discussion plus détaillée sur cette question, consultez ma conférence Doubt Everything).
La liberté intellectuelle donne lieu à des idées différentes des nôtres et nous incite à poser d’audacieuses questions sur nous-même, la société où nous vivons, et le monde et l’Univers que nous habitons. Nombre d’entre nous acceptent maintenant que la Terre est une sphère et qu’elle tourne autour du soleil, que la fumée de cigarette est mauvaise pour la santé et que les vaccins sauvent des vies. Ces changements dans les croyances ne sont pas arrivés tout seuls. Ils se sont produits grâce à des scientifiques qui étaient prêts à contester à la fois des dogmes établis et des institutions puissantes. Les nouvelles connaissances se heurtent presque toujours à des intérêts particuliers, que ceux-ci soient scientifiques, politiques, économiques ou religieux.
Vu ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, l’engagement du CIFAR à l’égard de la liberté de recherche n’a jamais été aussi important. Notre communauté mondiale de plus de 400 boursiers, chercheurs et conseillers apprécie l’espace sécuritaire que crée le CIFAR pour discuter de nouvelles idées, particulièrement des idées contraires aux dogmes établis. Nos boursiers et conseillers décrivent souvent les réunions des programmes du CIFAR comme les réunions les plus productives, stimulantes et emballantes auxquelles ils participent chaque année. Ces réunions sont un lieu où les chercheurs peuvent parler de leurs travaux actuels et de leurs nouvelles idées dans un environnement intellectuellement stimulant, rigoureux, convivial, dynamique et compréhensif. Cet environnement exceptionnel permet à nos boursiers de présenter des idées à un auditoire composé de certains des scientifiques et chercheurs les plus distingués et accomplis sur la planète.
La liberté intellectuelle et la tolérance aux nouvelles idées sont particulièrement importantes pour les chercheurs en début de carrière : d’un côté, ils n’ont pas encore la réputation ni la stature de leurs collègues plus établis et, d’un autre côté, l’histoire des idées et de la recherche scientifique regorge d’exemples où des jeunes sont les véritables moteurs de changements transformateurs en science. Voilà pourquoi, en partie, nous avons créé, avec le généreux soutien de la Fondation Azrieli, le programme des Chercheurs mondiaux CIFAR-Azrieli. Ce programme, dont l’objectif est de favoriser le perfectionnement professionnel de certains des jeunes scientifiques et chercheurs les plus prometteurs du monde, a connu un succès retentissant depuis son lancement il y a quatre ans.
Nous sommes ravis cette année d’annoncer la composition de la cohorte 2019-2020 des Chercheurs mondiaux CIFAR-Azrieli : 14 chercheurs exceptionnels en début de carrière qui se verront offrir soutien financier et mentorat pour se pencher sur des questions d’importance pour la science et l’humanité. Nous avons pour objectif de favoriser le perfectionnement professionnel de la prochaine génération de chefs de file de la recherche et d’élargir leurs réseaux de collègues en vue de faire avancer leur carrière et de leur donner les moyens de changer les choses.
Sur notre site Web, vous pourrez lire des articles qui illustrent les fruits de cet environnement, y compris des articles sur la façon dont notre monde polarisé contribue à la perception d’un manque de sentiment d’appartenance. Ces idées révolutionnaires, comme bien d’autres que proposent les boursiers du CIFAR, reconfirment notre engagement continu envers la liberté de recherche.
La liberté de recherche correspond à la capacité d’approfondir des idées et de poser des questions, peu importe le résultat. Cela vaut particulièrement pour des chercheurs à l’aube de leur carrière. La liberté de recherche c’est aussi la liberté de transcender les frontières nationales et de relever des défis importants qui comportent des risques, plutôt que de se limiter à des avancées progressives dans un domaine donné.
Les grandes forces de la recherche scientifique sont l’ouverture, le partage et la reproductibilité : partager les méthodes, les résultats et l’interprétation de la recherche, et ainsi avoir la capacité de reproduire les recherches d’un collègue. Les progrès remarquables des cent dernières années témoignent du pouvoir exceptionnel de la science et de la liberté de recherche.
Le monde traverse actuellement une période trouble où les fausses nouvelles, la capacité sans limites de diffuser des informations fausses ou peu fiables, les chambres d’écho et les dogmes remplacent le respect de la diversité des idées, la liberté d’expression, et l’importance des résultats probants crédibles et reproductibles.
Au CIFAR, nous réaffirmons notre engagement en permettant à nos boursiers de réfléchir, d’expérimenter, de présenter leurs résultats et de discuter sans être entravés par des forces de censure, des structures rigides ou des échéanciers imposés. Maintenant, plus que jamais, le moment est venu de réaffirmer la valeur et l’importance de la liberté intellectuelle.