Par: Krista Davidson
28 Sep, 2020
Joëlle Pineau utilise l’IA pour mettre au point une variété d’applications intelligentes en santé, dont des robots qui prennent soin des personnes âgées et le fauteuil roulant SmartWheeler qui permet aux personnes à mobilité réduite de circuler facilement et en toute sécurité dans des endroits fréquentés.
Titulaire d’une chaire en IA Canada-CIFAR et conseillère du programme Apprentissage automatique, apprentissage biologique, Joëlle Pineau partage son temps entre Mila et l’Université McGill. Il y a trois ans, elle a été nommée à la tête du premier laboratoire de recherche en IA de Facebook au Canada ; elle est aujourd’hui directrice générale mondiale du FAIR (Facebook Artificial Intelligence Research) et supervise les laboratoires de Montréal, de Seattle, de Pittsburgh et de Menlo Park (Californie).
Joëlle Pineau cherche constamment à utiliser l’IA pour résoudre des problèmes importants pour tous. Elle considère la santé comme un domaine de choix pour changer les choses.
« Ce que je trouve le plus intéressant à propos de l’IA au service de la santé, c’est que nous pourrions possiblement utiliser des algorithmes pour résoudre des problèmes réels », indique-t-elle.
« Joëlle Pineau est une leader naturelle qui ne fait aucun compromis sur ses principes ou sur la rigueur scientifique, et qui se soucie des autres et de notre mission scientifique. C’est un exemple non seulement pour son groupe de recherche, qui connaît de grands succès, mais aussi pour Mila, l’écosystème de l’IA de Montréal et toute la communauté de l’apprentissage automatique », mentionne Yoshua Bengio, directeur scientifique de Mila et professeur à l’Université de Montréal ainsi que titulaire de chaire en IA Canada-CIFAR et codirecteur du programme Apprentissage automatique, apprentissage biologique du CIFAR.
L’IA au service de soins personnalisés
Joëlle Pineau a récemment collaboré avec des chercheurs de l’Hôpital-institut neurologique de Montréal pour améliorer la neurostimulation, un traitement visant à prévenir les crises d’épilepsie par la transmission d’un courant électrique dans le cerveau.
Grâce à l’apprentissage par renforcement, les médecins peuvent cibler avec précision le moment et la façon d’effectuer la stimulation. Les algorithmes utilisés dans les modèles animaux d’épilepsie se sont révélés plus performants que les techniques traditionnelles et pourraient s’appliquer à d’autres maladies, comme le cancer.
Ces recherches font partie d’un programme plus vaste axé sur l’accélération de la découverte de stratégies de traitement personnalisées. En accédant aux nombreuses données du système de santé canadien, qui contient des données cliniques, génétiques et d’imagerie, Joëlle Pineau croit que nous pourrons prévoir certains résultats, comme la probabilité de récurrence d’une maladie ou la réponse d’un patient à un traitement.
« Dans le domaine de la santé tout particulièrement, j’ai l’impression de pouvoir résoudre des problèmes importants pour l’humanité », dit-elle.
Le système de santé public canadien recueille des données sur la santé de diverses populations, ce qui pourrait fournir aux chercheurs en IA des données complètes, pertinentes et représentatives pour lesquelles ils pourraient développer des algorithmes robustes. L’accès responsable à ces données pourrait accroître le rôle de l’IA en matière de prévision, de diagnostic et de prévention des maladies. Dans le cadre de la Stratégie pancanadienne en matière d’IA du CIFAR, Joëlle Pineau et d’autres chercheurs spécialisés en IA au service de la santé mènent la bataille de la médecine personnalisée.
En juillet 2020, le CIFAR a publié Bâtir un système de santé apprenant pour les Canadiens : Rapport du groupe de travail sur l’intelligence artificielle au service de la santé. Ce rapport présente un ensemble de recommandations pour mettre en œuvre une approche intégrée et collaborative qui permettrait de réduire les coûts des soins de santé, d’améliorer le pronostic des patients et de favoriser le développement au Canada d’outils et de services fondés sur l’IA.
À la défense de la diversité et de l’équité en IA
Les premières expériences de Joëlle Pineau en tant que chercheuse l’ont amenée à défendre activement une IA responsable au bénéfice de tous.
L’un des aspects qui la préoccupent est celui de la diversité des chercheurs qui participent au développement de nouveaux systèmes d’IA.
À ce sujet, elle se rappelle une expérience vécue en début de carrière alors que son équipe de recherche concevait des systèmes de reconnaissance vocale pour les hélicoptères.
« Nous ne testions que des voix masculines et, à un moment donné, j’ai demandé quand nous testerions des voix féminines. Il y avait une importante lacune dans la méthodologie de recherche, mais le fait que je faisais partie de l’équipe nous a permis de cerner ce problème », raconte-t-elle.
« C’est l’une des raisons pour lesquelles je passe beaucoup de temps à réfléchir à la diversité et à l’inclusion, dit-elle. À mesure que nous développons des outils d’IA, nous devons le faire en respectant la riche diversité de la population, mais aussi chaque personne qui peuple la planète. »