FAVORISER LA RÉSILIENCE DE LA TERRE
Les changements climatiques et la politique
Par : Liz Do et Alison Rutka
le 24 octobre 2023
Les effets des changements climatiques se font sentir à l’échelle mondiale à un rythme alarmant. Le CIFAR est à l’avant-garde de la lutte contre ce phénomène. Cette série spéciale, Favoriser la résilience de la Terre, examine comment la communauté du CIFAR — par-delà les frontières, les rôles et les disciplines — a un impact significatif sur la concrétisation de changements importants.
Dans ce numéro, nous examinons la politique des changements climatiques et ce que fait Daniel Aldana Cohen, membre du CIFAR, pour remédier aux goulots d’étranglement qui entravent la mise en place de politiques efficaces de lutte contre les changements climatiques à travers le monde.
Vous souhaitez en savoir plus sur ces recherches? Regardez maintenant : Conférences du CIFAR : Favoriser la résilience de la Terre, mettant en
vedette des spécialistes de notre série.
Alors que les scientifiques du CIFAR cherchent des solutions pour lutter contre les changements climatiques dans différents domaines, de l’atténuation des émissions à la modélisation de ses effets sur la pénurie alimentaire en passant par l’exploitation de l’IA pour accélérer les découvertes, aucun de ces travaux n’est applicable ni évolutif s’il ne s’harmonise pas aux politiques en vigueur dans le monde.
C’est là qu’interviennent les recherches de Daniel Aldana Cohen, membre du programme des chercheurs mondiaux CIFAR-Azrieli. Ses travaux au sein du programme Innovation, équité et avenir de la prospérité examinent de près les incitations politiques, les goulots d’étranglement et les obstacles qui entravent l’adoption de mesures climatiques, ainsi que les facteurs sociaux, politiques et économiques en jeu dans des politiques climatiques efficaces.
Son analyse de pays à travers le monde, du Brésil à l’Afrique du Sud en passant par les États-Unis, révèle un schéma clair. Il constate que les villes aux prises avec des niveaux élevés d’agitation, de violence étatique et d’inégalité économique affichent simultanément des schémas clairs de disparité environnementale, un phénomène que Cohen qualifie d’« éco-apartheid ». Au contraire, les communautés aisées bénéficient le plus des améliorations ou de la préservation de l’environnement.
« Mes recherches montrent systématiquement que les politiques climatiques les plus efficaces sont celles qui sont également équitables, explique Cohen. Je m’efforce de répondre à la question pratique suivante : est-il possible de formuler une politique environnementale significative sans aborder la question de l’inégalité? Jusqu’à présent, je ne suis pas certain que cela soit possible. »
D’après ses recherches, Cohen estime que la meilleure façon d’y parvenir est de former des coalitions. Dans la pratique, Cohen a constaté que les politiques climatiques les plus efficaces accordent une place importante à la planification et à la réglementation publiques afin de garantir l’équité. Il cite en exemple le Green New Deal de New York de 2019.
« La législation du Green New Deal était l’ensemble de politiques d’urbanisme le plus clairvoyant jamais adopté aux États-Unis, avec un accent particulier sur la décarbonisation des bâtiments. Il est à noter que son adoption n’a été possible qu’avec le soutien des mouvements pour le logement, largement menés par des femmes de couleur, qui se sont alliés aux écologistes pour mettre en place cette politique urbaine très progressiste en matière climatique, explique Cohen. Les politiques antérieures, proposées avec beaucoup moins d’équité, n’ont pas pu être adoptées. »
En fin de compte, le passage des défis à l’action climatique nécessitera l’intervention d’un échantillon représentatif de parties prenantes. Cohen espère une intégration plus étroite dans la recherche sur le climat entre les sciences naturelles, le génie, les sciences sociales et la recherche technique, afin d’aborder les questions sous le plus grand nombre de perspectives possible. À son avis, c’est là où le CIFAR a une formidable occasion de jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale, en contribuant à la lutte contre les changements climatiques.
« Le CIFAR a la possibilité de faire bien plus en matière climatique s’il utilise son pouvoir rassembleur pour réunir des scientifiques de différentes disciplines, et en particulier des sciences sociales, afin d’explorer les questions sous différents angles », déclare Cohen, en espérant que son travail continuera à éclairer les programmes de politiques et de recherche.
« Comment modifier l’environnement bâti, l’infrastructure physique de cette planète, afin d’assurer une plus grande équité et de stabiliser le climat? Je pense que le CIFAR possède d’énormes capacités d’exploration en la matière. J’ai discuté avec plusieurs personnes au CIFAR, pas seulement dans mon programme, et il existe tant de liens stimulants. Il est possible d’utiliser des investissements créatifs en recherche pour nous réunir plus longtemps et lancer des projets. »
Comment le CIFAR vous aide-t-il à mener des recherches pertinentes pour lutter contre les changements climatiques?
« Le CIFAR m’a permis de rencontrer de brillants cerveaux en dehors de mon domaine et de mes réseaux existants, ce qui est particulièrement important pour quelqu’un qui effectue des recherches sur les changements climatiques, car l’expertise est éparpillée dans tous les domaines, partout dans le monde. Fondamentalement, le climat est le type de problème tentaculaire auquel les structures universitaires traditionnelles n’ont pas réussi à s’attaquer. Le modèle du CIFAR, qui consiste à donner aux scientifiques les moyens d’innover en dehors des silos traditionnels, m’a été d’une aide précieuse. »
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