Par: Cynthia Macdonald
5 Avr, 2019
Selon de nouvelles recherches réalisées par Sandra Waxman, Boursière associée du CIFAR, les enfants présentent des signes évidents de préjugés à l’intersection de la race et du sexe avant même de fréquenter la maternelle.
Alors que des études antérieures avaient analysé les préjugés fondés soit sur la race ou le sexe, séparément, ce nouvel article est le premier à documenter le racisme chez de très jeunes enfants à travers une lentille intersectionelle. Les chercheurs ont découvert que des enfants de quatre ans manifestaient un préjugé implicite contre les garçons noirs comparativement aux filles noires, ou contre les enfants blancs d’un sexe ou l’autre. Ce mode de préjugé était évident chez les enfants blancs et non blancs au sein de la population à l’étude.
Ces nouveaux résultats concordent avec des données d’études antérieures menées chez l’adulte et révèlent que même des enfants en maternelle internalisent habilement des messages sociaux véhiculés par des adultes, y compris les messages nuisibles.
« Nous souhaitions travailler avec des enfants d’âge préscolaire, car nous savons que les préjugés sociaux sont plus malléables chez les jeunes enfants que chez les adolescents ou les adultes », dit Waxman, auteure principale de l’étude et Boursière associée au sein du programme Cerveau, esprit et conscience Azrieli. Waxman est aussi professeure au département de psychologie de l’Université Northwestern et à l’Institute for Policy Research.
Waxman et ses collègues ont eu recours à des mesures implicites et explicites des préjugés sociaux. Dans le cas des mesures implicites, les enfants ont dû regarder brièvement des photos d’autres enfants : blancs et noirs, filles et garçons. Ensuite, ils ont regardé des images neutres auxquelles on leur a demandé d’attribuer une note. Les notes attribuées par les enfants à ces images neutres reflétaient une réaction affective aux photos précédentes.
L’étude a démontré que les enfants blancs et les enfants noirs manifestaient des préjugés. « Ces résultats sont un point de départ pour la conception d’une intervention qui pourrait se révéler particulièrement efficace chez de jeunes enfants », dit-elle.
Waxman note que les préjugés racistes et sexistes s’acquièrent par l’expérience. Les nourrissons préfèrent les visages qui correspondent à ceux de leur famille. Toutefois, cette préférence « pour sa propre race » s’atténue quand les enfants se retrouvent dans un environnement où la mixité raciale est plus grande.
Les enfants apprennent de leur environnement social. Leurs préférences sont invariablement définies par ce qu’ils voient dans le monde qui les entoure. […] Nous devons donner l’occasion aux enfants d’observer toutes les distinctions qu’ils font et d’en parler, ainsi que leur transmettre de l’information.
« Les enfants apprennent de leur environnement social », dit-elle. « Leurs préférences sont invariablement définies par ce qu’ils voient dans le monde qui les entoure. »
Waxman parle de la différence entre l’adoption d’une « approche indifférente à la race » et d’une « approche courageuse à la race » quand on parle à nos enfants. « Bien des gens, particulièrement les blancs, ont tendance à dire “Je ne fais aucune distinction raciale. Je ne vois pas la race et mes enfants non plus “», dit-elle. « Toutefois, en adoptant cette approche, il devient difficile de répondre aux questions des enfants sur la race. » La chercheuse préconise plutôt une « approche courageuse à la race », terme créé par la directrice des placements Mellody Hobson, qui tient compte des préjugés que les enfants observent spontanément et ouvre la voie à une discussion sur la race, peu importe le malaise que ces discussions peuvent entraîner.
« Les enfants reconnaissent naturellement les personnes individuelles, mais aussi les groupes », dit Waxman. « Nous devons donner l’occasion aux enfants d’observer toutes les distinctions qu’ils font et d’en parler, ainsi que leur transmettre de l’information. »