Par: Justine Brooks
16 Nov, 2024
Les médecins consacrent d’innombrables heures à des tâches administratives comme la prise de notes et la documentation — un temps qui pourrait être passé à recevoir davantage de patients et patientes, ainsi qu’à leur prodiguer des soins. Ross Mitchell, titulaire de chaire en IA Canada-CIFAR à l’Institut de l’intelligence artificielle de l’Alberta (Amii) et professeur à l’Université de l’Alberta, fait partie d’une équipe qui met au point un moyen d’alléger le fardeau lié à certaines de ces tâches pour les médecins. Leur travail pourrait améliorer la prestation des soins de santé, la satisfaction des patients et patientes, ainsi que la qualité de vie des médecins.
Dans un service d’urgence de Red Deer, en Alberta, Ross Mitchell et son équipe ont déployé une étude de cas de son projet AI Scribe, un grand modèle de langage qui automatise le processus de création de notes médicales à partir de conversations entre le personnel soignant et des patients et patientes. Cette interface simple peut être exécutée sur un téléphone ou un ordinateur. Elle enregistre les conversations entre médecins et patients ou patientes et génère des transcriptions, des résumés, des suggestions et bien d’autres choses encore, en fonction des besoins et des spécifications définies par le médecin. « Le médecin demandera à la personne son consentement pour enregistrer la conversation afin de faciliter la prise de notes et la documentation, explique M. Mitchell. Les patients et patientes nous indiquent que leur expérience est rehaussée, parce que leurs médecins leur offrent de meilleures interactions en tête-à-tête et un meilleur contact visuel, au lieu de regarder des écrans d’ordinateur. Certains médecins nous disent qu’ils ne reviendront plus jamais à la prise de notes manuelle. »
À l’échelle du système, AI Scribe s’avère également très prometteur pour améliorer l’efficacité du fonctionnement des hôpitaux. Le temps gagné grâce à ce processus a déjà eu une incidence marquée sur le nombre de personnes examinées sur le site de démonstration — environ trois personnes de plus examinées par médecin et par équipe. Et contrairement à des applications semblables, AI Scribe conserve localement toutes les données des patients et des patientes en toute sécurité. « Cela signifie que toutes les données restent en Alberta et qu’aucun octet ne sort de la province. C’est le même niveau de sécurité des données que celui qui prévaut dans les secteurs bancaire et militaire », précise M. Mitchell.
En raison de sa simplicité et de son faible coût d’utilisation, le projet AI Scribe pourrait, selon M. Mitchell, être déployé pratiquement partout où l’on a accès à l’infonuagique, y compris dans les pays en voie de développement. L’équipe compte lancer le projet gratuit et à code source libre à plus grande échelle d’ici la fin de l’année, en l’accompagnant d’un document décrivant sa fonction et ses utilisations potentielles. Elle prévoit de mener une étude plus vaste après sa publication afin d’évaluer plus formellement ces premières observations et leur incidence sur la qualité des soins et l’efficacité du système de santé.
Ross Mitchell souligne l’importance que revêt le financement du CIFAR :
« La chaire en IA Canada-CIFAR offre un soutien financier crucial au personnel de mon laboratoire, tout en me mettant en relation avec un vaste réseau de scientifiques et de collaboratrices et collaborateurs exceptionnels, notamment d’autres titulaires de chaires. De plus, le financement d’Amii par le CIFAR a favorisé la création d’un puissant écosystème de soutien à la recherche en IA dans le domaine de la santé. »
Ross Mitchell, titulaire d’une chaire en IA Canada-CIFAR à l’Amii