Par: Alan Bernstein
31 Oct, 2022
Le monde d’aujourd’hui ressemble très peu, s’il en est, à celui qui existait lorsque j’ai accédé à la présidence en mai 2012. Les progrès de la recherche au cours des dix dernières années ont été vraiment remarquables. De fait, il n’y a jamais eu de période plus excitante pour faire de la recherche scientifique et universitaire. Qu’il s’agisse de la découverte des ondes gravitationnelles et du boson de Higgs, de nouvelles percées spectaculaires sur les origines de l’espèce humaine ou de nouvelles perspectives et répercussions des sciences sociales et humaines sur la société et les politiques publiques, nous vivons véritablement à une époque d’émerveillement.
Par ailleurs, le monde traverse la période la plus troublante de mon existence. L’émergence et la convergence simultanées d’événements mondiaux très graves et distincts, voire de crises existentielles, ont créé une période de profonde anxiété et d’agitation. Il y a dix ans, qui aurait pu prédire que les liens fragiles de la démocratie seraient menacés par la montée du populisme et de la désinformation aux États-Unis et même au Canada, pays normalement paisible, que la Russie aurait envahi l’Ukraine, qu’un nouveau virus émergerait et constituerait une menace existentielle pour l’humanité, et que des catastrophes provoquées par les changements climatiques se manifesteraient presque quotidiennement quelque part dans le monde.
Malgré cette sombre situation, je suis encouragé par le pouvoir qu’ont la science et les activités savantes de comprendre et de résoudre des problèmes urgents et apparemment insolubles. Les vaccins à ARN contre la COVID-19 sont un exemple spectaculaire de la science à son meilleur : ce n’est pas seulement la science exceptionnelle des 20 dernières années qui a sauvé des centaines de millions de vies au cours des deux dernières années; c’est une science extraordinaire conjuguée à la collaboration mondiale, à l’ouverture d’esprit et à la volonté de travailler ensemble pour faire face à cette urgence mondiale.
Mais l’histoire du vaccin contre la COVID n’est pas seulement le reflet de la science à son meilleur, mais aussi de l’humanité à son meilleur. Il y a quelques jours, j’ai assisté au gala des prix internationaux Gairdner et j’ai eu la chance d’entendre trois des lauréats de cette année — une personne du Canada, une des États-Unis et une de Hongrie — décrire comment trois domaines scientifiques distincts les ont réunis pour collaborer et mettre au point des vaccins à ARN à une vitesse fulgurante.
Le récit du vaccin compte d’importantes leçons pour nos dirigeants politiques : imaginez si les dirigeants du monde entier avaient collaboré aussi efficacement que ces scientifiques? Quelle aurait été la trajectoire de la pandémie?
La situation actuelle de la science et du monde met également en lumière l’importance du CIFAR et la prescience dont ont fait preuve les fondateurs du CIFAR il y a 40 ans. Leur idée, à laquelle nous sommes restés fidèles toutes ces années, est simple et puissante : au fil des ans, nous avons perfectionné plusieurs ingrédients clés qui, ensemble, constituent un moyen efficace de créer des communautés mondiales composées de certains des plus remarquables scientifiques et universitaires du monde afin d’aborder des questions complexes et audacieuses d’une importance capitale pour l’avancement des connaissances et pour la société. Cette « sauce secrète », comme le dit un membre du conseil d’administration du CIFAR, est un mélange de facteurs apparemment non liés qui créent ensemble l’atmosphère et la culture propices à l’ouverture, au partage, à la prise de risques et à la collaboration. Cette réussite est évidente au regard des avancées importantes pour lesquelles le CIFAR est reconnu à juste titre : l’importance des premières années dans le développement du cerveau, les déterminants socio-économiques de la santé, l’apprentissage profond, l’hypothèse de la Terre boule de neige, le télescope CHIME, les premiers travaux dans les domaines de l’informatique quantique et des matériaux quantiques, la place des archées dans l’évolution, et bien d’autres encore.
Pendant mon mandat au sein du CIFAR, nous avons lancé trois nouveaux programmes importants, notamment le programme des chercheurs mondiaux CIFAR-Azrieli destinés aux jeunes scientifiques, l’Appel à idées mondial visant à recueillir des idées de nouveaux programmes au CIFAR et la Stratégie pancanadienne en matière d’IA au CIFAR. Ces nouveaux programmes sont restés fidèles à la vision et aux valeurs initiales du CIFAR et les ont renforcées.
Je vois aussi l’avenir avec optimisme grâce à l’énergie, à l’enthousiasme et à l’intelligence remarquables des jeunes d’aujourd’hui. Par exemple, les membres du programme des chercheurs mondiaux CIFAR-Azrieli constituent un groupe remarquable de scientifiques en début de carrière qui se lancent en recherche indépendante. Dès le premier jour, le personnel du CIFAR a mis au point une méthode brillante de sélection des personnes candidates, afin de repérer les individus vraiment remarquables qui allient une capacité de recherche exceptionnelle à un potentiel de leadership. Après maintenant sept années d’existence, le programme a permis la création d’un merveilleux groupe d’anciens provenant de pratiquement tous les continents de la planète qui ont tiré profit de ce programme grâce à la générosité de la Fondation Azrieli.
Je tiens à remercier tout particulièrement le personnel du CIFAR. Il s’agit d’un groupe de personnes remarquablement talentueuses, intelligentes et engagées qui travaillent presque entièrement en coulisse. Elles m’ont beaucoup facilité la tâche et je leur en suis très reconnaissant.
En conclusion, j’aimerais reconnaître et remercier toutes les personnes avec qui j’ai travaillé au cours des dix dernières années. Du conseil d’administration du CIFAR, formé de personnes talentueuses venant de tous les horizons, aux plus de 400 membres du CIFAR, membres du programme des chercheurs mondiaux CIFAR-Azrieli, spécialistes-conseils et titulaires de chaire en IA de 23 pays et de plus de 120 établissements, en passant par nos donateurs et partenaires, jusqu’aux personnes formidables qui travaillent au CIFAR, ce fut un grand privilège. Je vous remercie.
Alan Bernstein, O.C., Ph. D., MSRC, ACSS
Président et chef de la direction
CIFAR