Par: Jon Farrow
15 Avr, 2019
En Jules Carbotte, le CIFAR, le Canada et le monde ont perdu un brillant physicien, un bâtisseur communautaire chaleureux et un homme au grand cœur.
Son héritage scientifique se perpétuera en partie à travers le programme Matériaux quantiques de calibre mondial dont il a été l’un des instigateurs, ainsi qu’à travers les nombreux étudiants qui ont profité de son mentorat.
Carbotte, théoricien quantique bien connu de l’Université McMaster, est devenu directeur du nouveau programme Supraconductivité du CIFAR en 1988, seulement deux ans après la découverte des matériaux supraconducteurs à température élevée. Dès le départ, il a voulu créer un esprit de camaraderie au sein du programme, et a encouragé les membres à travailler en tant que groupe solidaire et à partager les ressources, les étudiants et les installations. Cette philosophie anime encore le programme Matériaux quantiques et sous-tend le modèle de recherche plus général du CIFAR.
« Jules a joué un rôle déterminant dans la création de la communauté des matériaux quantiques qui a évolué depuis en une entreprise hautement collaborative », écrit Louis Taillefer, codirecteur actuel du programme Matériaux quantiques du CIFAR et professeur de physique à l’Université de Sherbrooke. « Jules était un homme admirable et un chercheur passionné. J’ai toujours apprécié sa sagesse et j’aimais discuter avec lui. »
Carbotte était un physicien talentueux et dévoué. On se souviendra de lui pour sa vive perspicacité, son grand leadership et sa nature chaleureuse. C’était un homme bon, envers tous, et il avait le don d’expliquer la science. Voilà pourquoi en 1998 il est devenu conseiller scientifique auprès de Stefan Dupré, président du CIFAR.
L’ancien gouverneur général, le très honorable David Johnston, président du conseil d’administration du CIFAR à l’époque, avait dit que la « réputation de Carbotte en tant que physicien exceptionnel s’alliait à un grand talent de vulgarisateur scientifique ».
Trente ans plus tard, le CIFAR continue à rassembler de brillants cerveaux pour se pencher sur les questions les plus importantes auxquelles la science et l’humanité sont confrontées. Jules Carbotte a joué un rôle clé dans le succès du CIFAR.
Ci-dessous se trouve une sélection des nombreux commentaires que le CIFAR a reçus à la mémoire de Jules Carbotte.
Le CIFAR (ICRA à l’époque) était encore une jeune organisation au moment de la découverte de la supraconductivité à température élevée. Le CIFAR a lancé un programme portant sur cette grande question en 1988, très rapidement. Cette décision opportune a pu aboutir grâce à Jules Carbotte dont la carrière scientifique l’avait préparé à relever ce défi et à assumer la direction du programme.
Pendant dix ans, Jules a favorisé l’expansion des initiatives canadiennes en matière de supraconductivité à température élevée et a instauré un esprit de corps qui perdure aujourd’hui. Il a toujours continué à participer au programme et a été exceptionnellement productif jusqu’à la fin. De plus, il a sans cesse entretenu une relation étroite avec l’expérimentation. Ces dernières années, j’ai été agréablement surpris de découvrir des articles de Jules sur le graphène et les semi-métaux de Weyl qui présentaient déjà des réponses à certaines questions que je commençais moi-même à me poser. Il est né et a grandi au Manitoba dans une famille canadienne-française à une époque où la vie était difficile pour les minorités au pays. Il a été une source d’inspiration pour moi et, je crois, pour bien d’autres personnes aussi. Il nous manquera terriblement.
— André-Marie Tremblay, Boursier, CIFAR; professeur agrégé et titulaire de la Chaire de recherche en théorie des matériaux quantiques, Université de Sherbrooke
Je connaissais Jules depuis plus de 50 ans et je suis très attristé d’apprendre son décès. Jules était un grand spécialiste de la supraconductivité et a été le mentor de bien des étudiants qui, à leur tour, ont fait d’importantes contributions. Je me souviens d’avoir rendu visite à Jules pour parler des efforts qu’il déployait afin d’établir le programme du CIFAR. L’esprit de corps qu’il a favorisé et qui est devenu un élément central du CIFAR témoigne bien de la personne aimable que Jules était. Il laissera un grand vide dans la vie de tous.
— Doug Scalapino, Boursier, CIFAR; professeur émérite et professeur-chercheur, Université de la Californie à Santa Barbara
Jules était un scientifique exceptionnel et un être fondamentalement gentil. Il a été d’une immense gentillesse avec ma famille quand nous l’avons rencontré pour la première fois lors des réunions du CIFAR alors que nous étions de nouveaux arrivants au Canada. Toute ma famille gardera longtemps son souvenir.
— Yong-Baek Kim, Boursier, CIFAR; professeur de physique et directeur du Centre des matériaux quantiques, Université de Toronto
Jules aimait profondément le programme et ses membres. Il va beaucoup nous manquer.
— Graeme Luke, Boursier, CIFAR; professeur et titulaire d’une chaire de recherche à l’Université McMaster
Jules a fait un travail remarquable en tant que premier directeur de ce programme du CIFAR. Il a fait de nombreuses contributions intéressantes à la physique et c’était un homme très sympathique. Il nous manquera énormément.
— Ian Affleck, Boursier, CIFAR; professeur distingué Killam, Université de la Colombie-Britannique
Jules a joué un rôle extrêmement important dans le rehaussement de la physique de la matière condensée au Canada à un calibre mondial, particulièrement dans le domaine de la supraconductivité, ce qui a mené à la création du programme Supraconductivité à température élevée du CIFAR et, plus récemment, du programme Matériaux quantiques. Grâce à toutes ses réalisations, son souvenir restera gravé dans notre mémoire.
— George Sawatzky, Boursier, CIFAR; professeur de physique, Université de la Colombie-Britannique
Je me souviens de Jules comme d’un homme chaleureux et bon qui aimait rire et raconter des anecdotes. Nous avons eu le plaisir de le côtoyer régulièrement dans les bureaux du CIFAR de la fin des années 1990 jusqu’au début des années 2000 alors qu’il était conseiller scientifique auprès de Stefan Dupré, président du CIFAR à l’époque. Il nous manquera beaucoup.
— Paula Driedger, agente, programme et information, CIFAR
« … Il a toujours été fermement convaincu de l’importance de la recherche collaborative, à laquelle il a toujours participé, et c’est là où il a eu la plus grande influence. L’Université McMaster était un lieu remarquable où apprendre l’art de la collaboration, car y cheminaient en contact étroit théoriciens et expérimentateurs œuvrant en physique, en chimie et en génie. Il a insufflé cet esprit interdisciplinaire dans le programme d’origine en supraconductivité, réunissant une équipe de chercheurs hautement complémentaires de tout le pays. Il a aussi permis aux étudiants de participer à cet univers en les invitant aux toutes premières réunions de ce groupe remarquable; Graeme Luke et moi nous sommes rencontrés à une réunion d’Halloween mémorable qui a rassemblé des chercheurs du domaine, de la côte Ouest et du centre du Canada, pour la première fois. La voie était tracée pour ma carrière en recherche : j’ai
rencontré de nouvelles personnes, j’ai été confronté à de nouvelles idées et j’ai découvert des techniques expérimentales novatrices. Peu après, toutes ces caractéristiques ont été officiellement intégrées au programme du CIFAR, en fait foi une école dirigée par des étudiants qui est devenu un élément phare du programme et un modèle à suivre pour favoriser les collaborations, ainsi que le perfectionnement de nouveaux chercheurs. La communauté dynamique au sein de laquelle nous travaillons regorge de personnes qui témoignent du succès de cette vision et du regard tourné vers la relève. »
— Doug Bonn, Boursier, CIFAR; professeur de physique, Université de la Colombie-Britannique
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