Sahba Besharati ne souhaite pas seulement découvrir comment les êtres humains prennent conscience d’eux-mêmes et des autres dans le monde; ses recherches explorent aussi comment le cerveau change après une lésion cérébrale.
Elle a recours à différentes technologies pour examiner l’intérieur du cerveau et manipuler les « expériences de soi », comme l’imagerie médicale et la réalité virtuelle (RV), afin d’explorer ce qui suscite ces expériences humaines innées de la conscience de soi.
« Les gens l’appellent toujours “le problème difficile de la conscience” », explique Besharati, membre du programme des chercheurs mondiaux CIFAR-Azrieli au sein du programme Cerveau, esprit et conscience, et maître de conférences en neurosciences cognitives à l’Université de Witwatersrand. « Mais c’est en fait le problème intéressant de la conscience, n’est-ce pas? Je ne choisirais pas d’étudier quoi que ce soit d’autre sur le cerveau. On ne recule pas devant ce qui est difficile. »
« Tout le monde peut gagner à en savoir un peu plus sur le cerveau et son fonctionnement. »
Besharati travaille à Johannesburg, en Afrique du Sud; elle a commencé son parcours universitaire en psychologie, mais elle dit avoir jonglé entre la poursuite de la psychologie sociale et de la neuropsychologie.
« Et le cerveau m’a vraiment intéressé, dit-elle. Nous avons tous, à un quelconque niveau, été touchés par des lésions cérébrales, que nous le sachions ou non, qu’il s’agisse d’un père qui a eu un AVC, d’une sœur épileptique ou d’un grand-père atteint de démence. Plus tard, je me suis rendu compte que ces raisons personnelles m’avaient attiré vers l’étude du cerveau et de ses troubles. »
Dans son laboratoire, Besharati et son groupe sont en train de mettre en place un travail clinique ancré dans le contexte sud-africain — le pays enregistre l’un des taux les plus élevés au monde de troubles neurodéveloppementaux, de lésions cérébrales traumatiques et d’accidents vasculaires cérébraux. En étudiant les troubles de la conscience subséquents à une lésion cérébrale, elle cherche à établir un lien entre certaines questions relatives à la conscience de soi et des aires et réseaux particuliers lésés dans l’hémisphère droit.
Pour mieux comprendre les influences interculturelles de la conscience et leur incarnation, le groupe de Besharati utilise des méthodes d’expérimentation sociale, d’imagerie cérébrale et, depuis peu, de réalité virtuelle pour étudier
les préjugés raciaux implicites.
« Malgré son caractère réducteur, la réalité virtuelle immersive peut servir à se mettre réellement dans la peau d’un autre groupe racial, du moins expérimentalement, ce qui peut mener à une diminution des préjugés raciaux implicites, explique-t-elle. Mais cela n’a été fait qu’avec des participants caucasiens et jamais avec des populations noires ou d’autres groupes racisés.
De plus, ce “biais occidental” se retrouve souvent en science et exclut souvent des questions vraiment importantes. Dans ce cas, il est essentiel de faire appel à des groupes et à des participants interculturels, car votre expérience de la race et du racisme serait probablement très, très différente et aurait un impact sur vos résultats. »
Pour ce qui est des dix prochaines années, elle est impatiente d’apprendre de ses pairs du programme Cerveau, esprit et conscience et de collaborer avec eux, ainsi qu’avec des chercheurs d’autres programmes. Elle espère également avoir une influence en tant que mentore auprès des chercheuses en début de carrière.
« J’ai bénéficié de mentors et de modèles très forts, dit-elle. Et en tant que femme scientifique, de surcroît une femme qui a grandi dans une minorité religieuse, qui appartient à une minorité culturelle et raciale dans une discipline dominée par les hommes, et en tant que mère de deux jeunes enfants, j’espère qu’à travers mon travail, je pourrai servir d’exemple à d’autres jeunes femmes scientifiques. »
Au bout du compte, elle espère approfondir la compréhension qu’ont les gens du cerveau. « Je pense que de comprendre le cerveau peut s’avérer important pour tout le monde; indépendamment des lésions cérébrales, tout le monde peut gagner à en savoir un peu plus sur le cerveau et son fonctionnement. »
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